Plaidoyer pour un entrepreneuriat innovant

Matthieu Stefani
5 min readJul 28, 2016

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Associer entrepreneuriat et innovation est un sacerdoce. Une telle aventure nécessite de s’affranchir de certaines pratiques, mais son caractère disruptif répond à une problématique existante et satisfait un véritable objectif business.

# Apprendre à penser différemment

Bien au-delà du “think different” d’Apple (qui n’a plus grand sens aujourd’hui car nous sommes tous sur Mac), penser différemment est nécessaire, je dirais même penser mieux.

J’ai souvent l’impression que beaucoup d’idées sont appréhendées à l’envers, en particulier dans les grandes entreprises. Dans ces structures souvent très hiérarchisées, on s’attache à répondre à une demande du DG ou du PDG plutôt qu’à un problème ou un besoin du client.
Pour peu qu’elles soient un brin osées, les — bonnes — idées sont balayées d’un “mais voyons… c’est une blague?” (vécu, sur une killer idea, en 2017).

On se rabat généralement sur un projet nettement moins risqué, nettement moins bon, calqué sur la concurrence (souvent américaine) qui a elle-même emprunté les idées d’une petite startup ou d’un obscur challenger dans un pays insignifiant (dont la liste n’épargne pas la France). C’est ce que l’on appelle un copycat, une pâle imitation d’un bon concept, moins bien exécutée que l’original du fait des contraintes de la grosse entreprise.

Cela n’est en rien une réinvention, tout au plus une preuve de la timidité des entreprises sur le terrain de l’innovation.

Il y a près d’un an, après avoir proposé et déployé un certain nombre d’idées au sein de petites et grandes entreprises, la promesse de CosaVostra nous est apparue comme une évidence :

# “Réveillez la startup qui est en vous”

Chaque entrepreneur a une approche bien personnelle de son activité. Forts d’une dizaine d’entreprises créées au cours des dix dernières années (collectivement ou séparément), mes trois associés et moi nous sommes aperçus que devant un client, nous préférons de loin proposer un projet global plutôt qu’une “big idea”. L’idée à elle seule ne suffit pas à répondre à un besoin. Elle doit être personnalisée, adaptée à l’expertise, au savoir faire, aux outils et au réseau de l’entreprise.

Mais aussi sexy que cette promesse puisse paraître pour nos interlocuteurs, elle est la plupart du temps extrêmement difficile à tenir pour nous qui officions dans le digital. Notre secteur est encore souvent assimilé au marketing, à la communication, à des postes de dépenses plus que de recettes (exception faite du e-commerce).

Pourtant, une startup n’a pas vocation à être un levier de communication; comme toute entreprise, on cherche à la rentabiliser et à générer des revenus (cqfd). Peut-être même plus que dans le cas d’une entreprise traditionnelle, puisque l’on vise souvent des territoires vierges où les parts de marché à conquérir sont importantes.

Par ailleurs, même si les notions d’innovation, d’agilité et de service séduisent souvent les entreprises, leur frilosité vis-à-vis du digital crée des réticences et les projets s’en trouvent bien souvent interrompus ou vidés de leur substance.

Ce ne sont pas les raisons qui manquent pour se rassurer dans ces cas là :

  • On va se tirer une balle dans le pied
  • Ça ne passera jamais auprès de la direction
  • Ça ne passera jamais auprès des employés
  • Ça ne passera jamais auprès des syndicats
  • C’est trop compliqué juridiquement
  • Il n’y a pas de modèle économique
  • Ça n’intéressera jamais personne
  • Ça n’est pas “core business”

À ceux qui me font ce genre de remarques, j’ai l’habitude de répondre par une question adaptée à leur secteur, et les exemples ne manquent pas…

Les Taxis G7 n’auraient-ils pas pu créer Uber ?

Accor n’aurait-il pas pu lancer AirBnb ?

Pourquoi la BNP ne propose-t-elle pas du prêt entre particuliers, entre entreprises ?

Très certainement pour ces mêmes raisons énumérées plus haut.

Les craintes des grandes entreprises contribuent à laisser la porte grande ouverte aux nouveaux entrants (petits français, ou gloutons américains).

#Une aubaine pour les startups ?

Oui, si tant est qu’elles parviennent à se financer, à ne pas se faire engloutir par les géants américains, qui eux n’ont pas peur de se positionner stratégiquement sur l’innovation.

CosaVostra se donne pour mission de “réveiller la startup qui est en vous”; cette formule s’est imposée à nous tant elle reflète notre démarche de travail au quotidien.

Nous invitons nos clients à se réinventer en ayant les notions d’agilité et d’innovation dans le viseur. Bien entendu, nous sommes là pour articuler cette mutation; nous proposons des projets et en assurons le développement et le suivi jusqu’à la communication.

Il est indispensable de connaître et d’utiliser les innovations digitales, car ce sont autant de possibilités de générer de nouveaux revenus.

# Winter is coming

Tous les secteurs d’activités, des plus traditionnels (droit, comptabilité, notariat, banque, transports…) aux plus jeunes (majoritairement nés du digital), vont connaître d’importantes mutations, qui vont radicalement changer notre idée de penser l’entreprise dans les dix prochaines années.
C’est pourquoi les entreprises, peu importe la taille de leur structure, doivent impérativement revoir leur copie sur l’innovation; car à toujours refuser les idées qui vont dans le sens du progrès, ils s’exposent à un carnage industriel.

La réinvention ne se fait pas en one shot. C’est d’abord une question d’état d’esprit au sein de l’entreprise : penser de nouveaux projets, les aborder différemment, être suffisamment agile pour saisir les opportunités qui se présentent et se les approprier.

Afin de mettre en pratique cette approche et d’échapper ainsi au syndrome (trop répandu hélas) du consultant en fauteuil qui n’a jamais mis les mains dans le cambouis, nous avons lancé Padrino, le startup studio de CosaVostra.
Avec trois startups sous son patronage, c’est aujourd’hui l’une des plus importantes sources d’inspiration pour nos vingt-cinq collaborateurs et notre réseau élargi d’une quinzaine de consultants (la “Famiglia”). Padrino, notre incubateur maison, nous oblige à ouvrir les yeux sur ce qui nous entoure et à aller de l’avant afin de mieux aider nos clients dans leur transformation digitale.

  • Il y a un an, avec Antoine Rouvroy, nous avons créé O’Barbershop, un site de soins pour hommes destiné aux barbiers et aux barbus.
  • Il y a six mois avec Thibaud Lemonnier et Julien Jacob nous lancions OuiFlash, le premier site de mise en relation d’agences immobilières et de photographes.
  • Et il y a trois semaines avec Jeanne Chemla nous lancions Yoburo, organisateur des séances de yoga sur-mesure en entreprise.

Grâce à O’Barbershop, nous avons énormément appris sur l’utilisation optimale des campagnes sociales dans une stratégie marketing de niche. Avec un employé permanent, le site fait aujourd’hui plus de 30 000€ de CA mensuel.

Avec OuiFlash, nous apprenons tous les jours sur les contraintes logistiques posées par l’organisation d’une très grande communauté. Avec déjà six employés et plus d’un million d’euros de contrats signés, OuiFlash est notre success story du premier semestre.

Nous souhaitons autant de réussite à Yoburo, notre petit dernier, qui déjà tous les jeudis, le temps d’une séance de yoga collective, nous aide à rester zen et positif.

Toutes ces entreprises menées de front par Padrino répondent à notre désir d’innover à 360 degrés en appliquant le principe libérateur énoncé par Peter Thiel, la création “zero to one”: partir de l’inexistant, créer une solution dix fois supérieure à son substitut et s’éloigner considérablement de la concurrence.

Il est plus que jamais l’heure de créer, de penser, de tester, d’itérer… et de recommencer.
N’attendons plus !

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Matthieu Stefani
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Written by Matthieu Stefani

French. Entrepreneur. Founder @CosaVostra, Podcast Host @GenDoItYourself, and more. Discover our latest episode on gdiy.fr !

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